Le Mothais sur Feuille, un Fou de Goût est un site de Terre des Chèvres

Le Mothais sur Feuille, un Fou de Goût

Histoire et zone de production

ORIGINE ET HISTOIRE DU MOTHAIS SUR FEUILLE

UN TERROIR D’EXCEPTION

Le terroir du Mothais sur Feuille est le Poitou méridional qui lui confère une forte identité. L’aire géographique de production du Mothais sur Feuille (cf. carte ci-contre) constitue une zone de transition entre la plaine calcaire du Poitou et le bocage vendéen granitique et schisteux, dont le cœur est formé au sud des Deux-Sèvres par la plaine de Niort et d’Aunis, le plateau mellois et la plaine de la Mothe-Lezay, dont la partie « mothaise » est assez accidentée.

La région est formée principalement de calcaires jurassiques, donnant fréquemment naissance à des sols calcaires minces et caillouteux, dits « terre de groies ». Cet ensemble est parsemé de petits plateaux ondulés formés d’argile rouge issue de l’altération de roches jurassiques appelées localement « terres rouges à châtaignier ». Les sols y sont globalement acides, bien structurés et accompagnés de quelques silex. Le climat est océanique, assez doux avec des déficits hydriques estivaux fréquents.

Trois critères étudiés par le Syndicat de Défense ont permis de définir la zone de production du Mothais sur Feuille ; ce sont la géologie, le paysage et les usages. Au final ce sont 286 communes sur cinq départements de Poitou-Charentes et de Vendée. La culture céréalière et herbagère, caractéristique de la polyculture-élevage de l’aire géographique, trouve sa place dans une diversité de paysages.

LA BELLE HISTOIRE DU MOTHAIS SUR FEUILLE

• Dans le Poitou méridional, La commercialisation du fromage de chèvre prend son essor du XIème au XVème siècle avec le développement du pèlerinage de Saint-Jacques de Compostelle et de son "Grand Chemin" (ou Via Turonensis) venant de Paris dont la fréquentation est renforcée par la présence de la relique de Saint-Jean le Baptiste à Saint-Jean d’Angély.
Ce sont ensuite les protestants, très nombreux dans la région du Mellois depuis le séjour de Calvin à Poitiers en 1534 qui, exsangues à la suite des guerres de religions, vont développer l’élevage caprin peu couteux et les plantations du châtaignier, dit « l’arbre à pain », pour édifier un rempart contre la famine.
La région est aussi très tôt un haut lieu de fabrication potière dont les artisans fournissent des moules ou faisselles aux fromagers, en particulier dans les communes de Genouillé et Civray dans la Vienne où l’on ne dénombrait pas moins de 50 potiers en 1850.

• Par la suite, jusqu’au début du XX° siècle, le système caprin vivrier est caractérisé par des fermes détenant de quelques chèvres à une vingtaine.
L’autoconsommation des fromages de chèvre constituait aussi pour les petits paysans ne disposant pas ou peu de terres et ne pouvant donc pas entretenir de bovins, une source de matières grasses et de calcium dont ils avaient besoin ; ce qui a longtemps fait dire que « la chèvre était la vache du pauvre ». En plus de la consommation domestique, la vente sur les marchés des fromages assurait, avec les œufs, la trésorerie du ménage.

Le Mothais Sur Feuille fait alors l’objet de transactions commerciales sur les marchés régionaux. Sa commercialisation se développe au cours de ce XIXe siècle pour répondre à la demande de la clientèle citadine et des gros bourgs de La Mothe Saint Héray, Saint-Maixent, Melle, Lusignan, Niort, Poitiers ou même au-delà. Cette production caprine d’appoint, qui comprend la vente des chevreaux, est surtout l’affaire des femmes, qu’elles soient paysans salariées. Elles parcourent alors jusqu’à 40 km par jour pour aller au marché vendre leurs produits de la ferme.
Fin XIXème, la crise du phylloxéra amène les viticulteurs à se tourner vers l’élevage caprin et la production laitière tandis que des marchés locaux et un système coopératif de fabrication et de commercialisation inspiré du modèle du Jura se développent autour de la Mothe-Saint-Héray. Cette dynamique coopérative aura des conséquences sur la part des volumes de fromages fermiers dans la production totale de « Mothais sur feuille ». Le « Poitou méridional » peut alors être considéré comme « un territoire culturel caprin » au cœur d’un ensemble de polyculture-élevage. L’industrie laitière caprine va se développer jusqu’à nos jours. Sur le format du Mothais sur Feuille, le chèvre boite (ou camembert de chèvre pour certains) connaîtra un beau développement industriel avant de laisser sa place à la bûchette.

• Jusque vers 1980, coquetiers et affineurs jouent un rôle majeur dans la distribution des fromages de chèvre, dont le Mothais sur Feuille
Jusque dans les années 1950, la majorité du lait de chèvre produit est transformé à la ferme, les fromages, dont les Mothais sur Feuille, non autoconsommés étaient vendus sur les marchés locaux ou collectés par des ramasseurs qui passaient de ferme en ferme : ce sont, à l’origine, les coquetiers (ainsi nommés parce qu’ils achetaient les œufs avec les autres produits de la basse-cour) dont certains, par la suite, prendront le nom d’affineurs lorsqu’ils se spécialiseront dans le seul commerce des fromages.

M. FORESTIER, marchand ambulant sur les marchés du sud Poitou

Les affineurs sont à l’origine de l’évolution moderne du marché du fromage de chèvre. En regroupant une offre atomisée, hétérogène et dispersée géographiquement ils ont joué un rôle majeur, à la fois pour maintenir les élevages éloignés des centres de consommation, créer la notoriété de nombreuses variétés de fromages locaux et organiser l’approvisionnement des villes.
Les réglementations (interdiction d’abattage des lapins, volailles et chevreaux) et surtout la concurrence d’autres opérateurs les ont contraints à abandonner les autres produits.

Parallèlement, les voies de chemin fer permettent d’acheminer rapidement les fromages vers Niort, Poitiers, Bordeaux et Paris. Ainsi on apprend dans le journal « Le Mellois » du 7 janvier 1866 que des fromages de la région de la Mothe-Saint-Héray viennent d’être primés à l’exposition de Paris.

En 1953, Curnonsky, dans son ouvrage « Fromages de France » cite page 116, le fromage de chèvre « à la feuille » élaboré dans la région de la Mothe-Saint-Héray et Melle et mesurant 10 à 13 cm pour un poids d’environ 220 g. Un peu plus tard, dans le guide du fromage de P. Androuet paru en 1972, figure page 385 le « Mothais » ou « chèvre à la feuille » appelé aussi « la Mothe-Saint-Héray fermier ».
En 1974, Jean-Claude Le Jaouen dans son livre intitulé « Le tour de France des fromages de chèvre » explique page 178 que le fromage « Bougon » est originaire du plateau mellois dans les Deux-Sèvres et qu’il s’appelle également « Mothais » en production fermière.

Dans les années 1970 un nombre croissant de producteurs fermiers redéveloppent la production de « Mothais ».

Fin des années 1980, des producteurs de la zone commenceront à nommer leur fromage le « Mothais sur feuille ». L’Association Centrale des Laiteries Coopératives demande d’ailleurs en 1989 l’enregistrement de la marque « Mothais sur feuille » auprès de l’INPI (demande du 29 mai 1989 sous le numéro 0134672).

Vers les années 1990, le « Mothais sur feuille » fait son entrée officielle dans les concours régionaux pour être considéré comme une catégorie à part entière,
En 1992, le « Mothais sur feuille » est une catégorie du Concours national de fromages de chèvre fermier « Fromagora » à Niort.

Depuis, la production continue de se développer, tant dans les fromageries fermières qu’artisanales ou industrielles. Sa renommée grandit et les consommateurs peuvent le déguster partout en France et même en Europe.